ECAS7

Panels

(P136)

Mémoire multiple et participation politique: L' « histoire locale » dans la voie africaine de la démocratie

Location KH209
Date and Start Time 30 June, 2017 at 09:00

Convenor

Mariona Rosés (Universitat de Barcelona) email
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Short Abstract

Le panel propose d' explorer les possibles effets sur la voie démocratique et sur la participation politique effective autant de la visibilité de la diversité d'histoires locales que de l'interaction explicite des historiographes scientifiques avec ses « gardiens traditionnels »

Long Abstract

L'usage officiel de la mémoire historique comme facteur de construction politique en Afrique, bien qu'encadré dans l'épanouissement de l'afrocentricité, a suit la formule du nationalisme européen, fondé sur l'État-nation. La importance qu'à conférée la nouvelle historiographie africaine aux facteurs assez hétérogènes (résistance anticoloniale, idéalisation romantique des pouvoirs locaux, modernisation, panafricanisme ou matérialisme historique) a changé, dans chaque nouveau état, selon l'équilibre de forces de chaque moment, mais sans rompre avec cette inspiration fondamentale. Le résultat a été souvent une simplification de la "mémoire nationale" qui à peine concorde avec les identités locales, le tissu social réel ainsi que les alliances, les symbioses et les querelles entre les différents collectifs que lui conforment.

Les nombreuses institutions et "histoires locales" ou "factieuses" -souvent ancrées dans le cadre rural apparemment lointain des centres de pouvoir économiques et politiques - ont été sous-estimées par l'historiographie officielle, bien qu'ils sont des facteurs de premier ordre à l'heure de prendre des décisions quotidiennes. Dans les processus d'urbanisation des villes africaines, les réseaux migratoires permettent de mettre en relief l'influence mutuelle et constante entre ce qui est rural et ce qui est urbain.

Le panel propose explorer, à partir de l'analyse des cas concrets, les possibles effets sur la voie démocratique autant de la visibilité de cette diversité d'histoires "étouffées" que de l'interaction explicite des historiographes scientifiques avec ses "gardiens traditionnels". Un approche qu'implique mettre en question l'existence d'une "culture démocratique universelle".

Discussant: Albert Roca

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Papers

« Résistance » anticoloniale et pacification: mémoires historiques et récits politiques en Mauritanie autour du cas d'Oum Tounsi

Author: Giuseppe Maimone (University of Catania (Italy))  email

Short Abstract

L’intitulation du nouveau aéroport de Mauritanie à la bataille d’Oum Tounsi a rallumé le débat sur les récits autour de la colonisation, en révélant anciennes rivalités entre les tribus qui collaboreraient à la «pacification» et celles-ci qui l’auraient opposé au nom d’une « résistance nationale »

Long Abstract

En analysant l'impact que la « conquête » française du nord de la Mauritanie a eu sur la société maure, cette contribution veut illustrer le récent récit de la « résistance » à la colonisation marqué par l'intitulation de l'aéroport international à une bataille présentée comme « anticoloniale ».

En particulier, on analysera des tribus et des factions maures qui furent poussées à se déplacer au Seguiet el-Hamra et au Rio de Oro. Ces lieux de nouvelle « sédentarisation » devinrent des territoires d'appartenance « nationale » ensuite à la démarcation et à la militarisation de la frontière entre la Mauritanie et le Sahara Espagnol. Bien qu'il apportait variations et ruptures des affiliations et des identités tribales, ce déplacement n'interdisait pas des mouvements bidirectionnels à travers des frontières qui, encore aujourd'hui, montrent leur création artificielle.

Dans le même temps, la démarcation de ces frontières réduisit les anciens déplacements nomades du nord vers le centre-sud de la Mauritanie à des razzias accomplies dans territoires désormais devenus mauritaniens et donc « nationaux », des incursions - parfois caractérisées par des affrontements avec troupes coloniales et leurs alliés, comme dans le cas d'Oum Tounsi - qui ont été présentés par quelques chercheurs mauritaniens comme « résistance » à l'envahisseur français. Selon d'autres chercheurs cet interprétation n'a pas aucun fondement historique et est faite seulement au fin de glorifier les anciens ascendants d'hommes des tribus qui aujourd'hui détiennent le pouvoir politique et économique mauritanien, en cette manière en légitimant et en ennoblissant leur leadership.

Le « maire féticheur » : hommes politiques, religion traditionelle et démocratie en Basse Casamance

Author: Jordi Tomàs (GESA - Barcelona University / CEI-IUL)  email

Short Abstract

En Basse Casamance, les gens de religion traditionelle, les musulmans et les catholiques partagent leur vie quotidienne dans différents villages. Mais... qu'est-ce qui se passe quand un responsable de la religion traditionnelle devient un homme politique sénégalais?

Long Abstract

Au Sénégal, plus de 90% de la population est musulmane. Il y a aussi autour d'un 7% de catholiques et un 3% de membres de la religion traditionelle, la majorité desquels, en Basse-Casamance. Historiquement, les politiciens casamançais devenus hommes politiques étaient catholiques ou musulmans. Depuis quelques années, avec les dynamiques d'affirmation de la religion traditionelle joola, notamment dans la region d'Oussouye, certains politiciens joola montrent sans ambages leur croyances. Cette communication présente le cas d'un maire qui, au même temps, est un responsable de la religion traditionelle des joola, appellée awaseena, et son rol dans le processus de paix de la région de Casamance et son travail incansable pour les Droits de l'Homme et la démocratie au Sénégal.

Fihavanana : D'une coutume locale à la construction d'une morale nationale

Author: Mariona Rosés (Universitat de Barcelona)  email

Short Abstract

L'histoire politique récente de Madagascar élève le fihavanana à catégorie idéologique nationale. Cette communication analyse la complémentarité entre le fihavanana local et le fihavanana national pour son maintien comme un élément central de l'histoire et la mémoire malgaches

Long Abstract

La réflexion sur l'usage officiel de la mémoire historique de Madagascar comme un facteur de construction politique fait émerger le fihavanana comme un des principes essentiels. Originalement il se définit comme un mécanisme de solidarité locale et d'entraide mutuelle, mais avec le temps il est devenu une construction sociale qui appelle aux traits identitaires nationaux fondés sur des « spécificités » malgaches (Randrianja, 2001).

L'histoire politique récente de Madagascar élève le fihavanana à catégorie idéologique nationale avec le but de consolider cette identité nationale. Ainsi, les successifs gouvernements postcoloniaux appellent le fihavanana comme le trait identitaire malgache par excellence, jusqu'au point de l'inclure dans la Constitution de 1992 et les successives pour l'ériger comme le lien entre la population et les gouvernants. Nonobstant, l'inclusion du fihavanana dans la « mémoire nationale » l'a dépourvu de son caractère originel, qu'on peut encore retrouver dans le contexte local, spécialement le rural, où il persiste comme une ressource plus ou moins fonctionnelle pour le maintien des relations harmoniques.

Dans cette communication nous présenterons le fihavanana comme une catégorie idéologique nationale en analysant son actuelle situation liminale, et peut-être contradictoire, qui donne lieu à la nécessaire complémentarité entre le fihavanana local (rural) et le fihavanana national (discours) pour son maintien comme un élément central de l'histoire et la mémoire malgaches.

Democratic Participation, History and Memory Making in Malian Decentralization

Author: Clemens Zobel (University Paris 8)  email

Short Abstract

In this paper I explore the relationship between the call to participation in contemporary decentralization policy in Mali and its relationship to history and memory making on a national and local level.

Long Abstract

Since the early 1990s Decentralization policy in Mali has stressed democratic participation as paramount. In this paper I show how the legitimization of its democratic dimension through the remaking of a national history highlighting rural communities' capacities to govern themselves was confronted with the contradictions arising from memory work on a local level. This is illustrated first by studying the nationwide creation of new municipal entities and then by looking at the case of participation in the making of a local convention regulating the mining of gold in a rural municipality in the south of the country.

Mali took a unique step in the implementation of decentralization by granting the right of people to choose the future municipalities they would belong to. On the ground this process was accompanied by a surge of memory production legitimating belonging and claims to leadership. The result was a proliferation of conflicts, which in some instances required mediation by administrative officials, and a number of new municipalities that exceeded the plans of policy makers. This in turn reflected a tension between the history upheld by national policy makers and its critique by academic historians.

Participation, as principle upheld by aid-donors has been declared to be paramount in local development planning. In the second part of this paper I ask how memory - work and the reproduction of local history has influenced participation in the setting up of a local convention regulating mining activity in the rural municipality of Nioumamakana.

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