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AEGIS European Conference on African Studies
11 - 14 July 2007 African Studies Centre, Leiden, The Netherlands
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L'inceste royal au Buganda
Panel |
22. Retour sur les monarchies sacrées en Afrique
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Paper ID | 112 |
Author(s) |
Wilgaux, Jerome ; Mãdard, Henri
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Paper |
No paper submitted
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Abstract | Deux raisons principales nous invitent à un réexamen de la relation entre inceste et monarchie sacrée. Tout d'abord, les problématiques actuelles dans le domaine de la parenté replacent au centre de leurs préoccupations la question de l'inceste et accordent un grand intérêt aux sociétés dans lesquelles, comme au Buganda, les pratiques matrimoniales paraissent contradictoires avec le système de filiation. En effet, si la transmission du pouvoir royal est patrilinéaire, les interdits matrimoniaux sont plus étendus du côté maternel. Cette opposition entre "kinship" et "descent" est au cœur des nouvelles solutions proposées aujourd'hui au vieux problème de l'inceste, solutions pour lesquelles la théorie lévi-straussienne de l'échange doit être dépassée par une analyse approfondie des représentations locales du genre, de la personne humaine, de la procréation et des contacts entre personnes lors de l'acte sexuel (cf. n° spécial parenté, L'homme 2000, 154-155).
La seconde raison, c'est l'abandon des théories diffusionnistes trop ancrées dans un racisme et des traditions nées de la colonisation. Pour simplifier, ces postulats diffusionnistes permettent de présenter la colonisation comme la dernière vague de conquérants civilisateurs de l'Afrique. Pour ce cas précis, la monarchie sacré (et l'inceste royal) seraient diffusés à partir de l'Égypte. Les progrès de l'histoire africaine et de l'archéologie depuis les indépendances ont largement montré la fallacité et les limites de beaucoup des postulats diffusionnistes. Ces théories qui ont connu leur âge de gloire dans les années 1930 sont néanmoins de retours à travers le développement de l'école afro- centriste. Bien souvent, celle-ci se contente de récupérer cette idéologie diffusionniste, sans la purger de son racisme, mais en inversant l'orientation de la diffusion. C'est-à-dire que la race civilisatrice serait noire (africaine et égyptienne) et aurait apporté tous les éléments de la civilisation au reste du monde.
Ces retours d'un racisme diffusionniste remettent sur le tapis les questions de l'inceste royal (Ray). D'autre part, il reste à expliquer cet inceste royal qui, si il n'est pas aussi diffusé qu'on l'a d'abord cru, reste étonnamment courant et attesté. Les théories utilisées pour l'expliquer demandent aujourd'hui à être réexaminées. L'Afrique des Grands Lacs, dont notamment le Buganda, s'avère être un exemple exceptionnel.
L'inceste royal ancien y est attesté mais peut-être pas autant que certains auteurs anciens l'auraient voulu. Plus intéressant encore, s'y ajoute le développement, c'est à dire la naissance, d'un nouvel inceste royal au XIXe siècle. Des sources sur un cas de ce genre sont pour ainsi dire uniques. Henri Médard et moi-même nous proposons de réévaluer les théories sur l'inceste royal (et par là sur la royauté sacrée ) à travers cet exemple extraordinaire. Il permet à la fois de faire une réévaluation classique des explications de cet inceste royal, d'en faire une mise à jour car notre compréhension de ces phénomènes, notamment en Égypte, a beaucoup évolué, puis d'examiner une réinvention de l'inceste royal, non dans un passé ahistorique ethnographique, mais dans un contexte historique précis.
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