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AEGIS European Conference on African Studies

11 - 14 July 2007
African Studies Centre, Leiden, The Netherlands


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Visualizing a mythical Congo : The Official Production of the Belgian Congo at the International Exhibitions of the 1930’s

Panel 33. Visualizing Africa, from there to here, between now and then.
Paper ID578
Author(s) Roger, Aurelie
Paper No paper submitted
AbstractL’idée d’une représentation occidentale contemporaine de l’Afrique fortement arrimée à des schèmes élaborés au cours de la période coloniale a été abondamment explorée au cours des deux dernières décennies par le courant des études postcoloniales. Une exploration fine de cette hypothèse de la reconduction de modes d’appréhension coloniaux de l’Autre africain jusqu’à la période actuelle, cela étant, suppose d’abord de cerner les images qui ont été forgées pendant la période coloniale dans toute leur complexité. C’est à ce projet que l’on voudrait consacrer cette communication, en se focalisant sur un objet empirique particulier : on s’attachera à mettre en place une sociologie historique de la représentation visuelle officielle du Congo belge au sein des expositions internationales des années 1930. Un tel objet offre l’avantage de construire l’analyse autour d’un vecteur unifié d’images du Congo, articulées à un projet très concret : la légitimation du fait colonial par le pouvoir belge auprès de la population nationale. Son analyse permet de mettre en évidence la tentative de constituer une représentation mythique de l’Afrique en même temps que de la Belgique colonisatrice. La période des années 1930 (expositions internationales coloniales d’Anvers 1930 et Paris 1931, exposition universelle de Bruxelles 1935) est particulièrement intéressante à étudier du fait de sa situation charnière entre une phase de mise en place de la colonisation, désormais révolue, où les sections coloniales s’attachaient avant tout à justifier l’intérêt de la conquête coloniale (expositions universelles de 1897, 1905, 1910, 1913), et une phase d’interrogation sur l’avenir du fait colonial qui commencera à prendre forme après la Seconde Guerre mondiale, et qui mènera à déployer lors de l’exposition universelle de 1958 les preuves prétendues d’une fraternité belgo-congolaise pérenne. Il est intéressant alors d’étudier la manière dont la représentation visuelle du Congo belge a pu être instrumentalisée, au cours de cette période intermédiaire, à des fins directement métropolitaines. L’exploitation de sources empirique très riches (iconographie, publications officielles, archives du ministère des Colonies) le permettra. Pour autant, on montrera que cette mise en scène du Congo est loin d’être univoque et comporte un certain nombre d’aspérités, voire de contradictions dans la narration visuelle qu’elle déploie. La complexité de l’objet sera aussi réintroduite en montrant que cette narration est loin de répondre à un projet cohérent, froidement pensé, mais relève dans sa mise en forme à destination des visiteurs du résultat de luttes symboliques internes au pouvoir exposant, que l’on s’attachera à décrire. Enfin, on insistera sur l’existence de biais manifestes dans la réception de ces images du Congo par la population belge, qui indiquent la nécessité de ne pas supposer l’incorporation mécanique des schèmes d’appréhension de la colonie visuellement déployés dans le cadre des expositions. L’ensemble de ces réflexions, procédant d’une exploitation systématique des sources empiriques, permettra au final d’élaborer certaines remarques sur les limites d’une approche non nuancée de l’idée d’une perpétuation de représentations coloniales de l’Afrique à la période actuelle.