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AEGIS European Conference on African Studies
11 - 14 July 2007 African Studies Centre, Leiden, The Netherlands
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Les petites bonnes en Côte-d’Ivoire, entre le village et la ville. Pratiques et représentations de l'immigration des filles du Nord-Est vers Abidjan
Panel |
28. Generations of Migrants in West Africa
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Paper ID | 411 |
Author(s) |
Jacquemin, Mélanie
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Paper |
No paper submitted
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Abstract | En Côte-d’Ivoire, les migrations urbaines -généralement temporaires- des fillettes et des jeunes filles vers Abidjan sont d’une ampleur telle qu’on relève dans la capitale économique ivoirienne une sur-représentation systématique des filles de 10 à 19 ans par rapport aux autres groupes d’âge et aux garçons. Ce phénomène démographique n’est pas nouveau : repérable dès le premier recensement (1955) et continu depuis lors, il est lié à l’histoire et à la construction économique et sociale de la ville. Bien qu’il reste jusqu’à présent impossible d’en donner une évaluation précisément chiffrée, il s’explique principalement par l’immigration massive de jeunes filles villageoises venant à Abidjan en tant qu’aide familiale ou « petite bonne » dans des ménages de diverses catégories sociales, où ne réside aucun de leurs parents géniteurs.
Anciennes et répandues en Afrique de l’Ouest, les pratiques de circulation et de confiage des enfants (fosterage) demeurent un cadre de référence fondamental pour comprendre la perpétuation et l’importance numérique de ces migrations féminines juvéniles. Cependant, les situations contemporaines attestent une évolution et une diversification des pratiques, sous l’effet des transformations socio-économiques et culturelles mais aussi sous l’effet de l’expérience même des jeunes migrantes et des conséquences de leur migration sur les plans économique, social, relationnel, voire de la santé.
Située au Nord-Est de la Côte-d’Ivoire, la région de Bondoukou est identifiée comme une zone d’où partent un très grand nombre de filles, futures petites domestiques à Abidjan avant de revenir au village, généralement pour leur mariage. Dans le cadre d’un doctorat de sociologie sur le phénomène des petites domestiques à Abidjan, je menai en 2000 et en 2001 une série d’enquêtes qualitatives dans plusieurs villages de cette région ; je propose ici de décrire les principaux déterminants, les modalités et les conditions de départ, puis de retour au village de ces jeunes filles, avant de m’intéresser aux représentations qui entourent ces pratiques. Le point de vue des jeunes migrantes rencontrées à Abidjan en situation de travail ou interviewées au village lors d’un de leurs passages momentanés « en famille » sera mis en écho aux récits d’ex-petites bonnes revenues vivre au village, ainsi qu’aux points de vue de divers membres de la communauté villageoise, apparentés ou non aux (ex-)migrantes, ayant eux-mêmes connu ou non une expérience migratoire et impliqués plus ou moins directement dans le processus de migration de ces jeunes filles. En examinant davantage les représentations que les pratiques, il s’agira de présenter quelques prolégomènes à l’analyse de l’impact socio-économique et des différents types de conséquence de cette forme particulière de migration féminine, un objet de recherche qui de fait est encore à explorer.
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