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AEGIS European Conference on African Studies

11 - 14 July 2007
African Studies Centre, Leiden, The Netherlands


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Derem ak ngerem : le franc, la grâce et la reconnaissance comme fondement de l'économie Mouride

Panel 56. Moving Frontiers: contestations in Muslim communities in Africa
Paper ID718
Author(s) Gueye, Cheikh
Paper No paper submitted
AbstractLa réussite économique mouride participe pleinement de l'invention de la confrèrie, qui se donne ainsi les moyens de sa crédibilité et ceux de confronter la représentation idéalisée d'elle-même à  la réalité. Cette invention continue se fait par emprunts, innovations, interprétations nouvelles tout autant que par l'appel à la mémoire. Elle procède d'accumulations successives et d'emboatement d'activités différentes. Itinéraires religieux et économiques se recoupent ainsi, jusqu'à  tisser la trame de relations sociales complexes. L'économie mouride a toujours articulé partage et accumulation, profit monétaire et plus-values symboliques. Elle comporte une dimension d'affiliation qui investit les rapports marchands et utilise la confiance comme un lubrifiant. Les logiques familiales, lignagères et religieuses y jouent un rèle essentiel. Le premier modèle d'opérateur économique mouride, Cheikh Anta Mbacké, est appelé "borom deureum ak ngeureum" (celui qui a l'argent et les grâces). La recherche simultanée du deureum et du ngeureum est le fondement de l'entreprenariat mouride. Elle incite à  la générosité, à  l'assistance et à l'investissement dans le capital des relations sociales en plus du profit numéraire. C'est une économie qui, s'estimant "inspirée" par le fondateur de la confrérie, dispose de supports mystiques et d'un fondement religieux. Entre décisions individuelles et action collective, imaginaire commun et modes particuliers de subjectivation, les Mourides développent une économie de la frontière, à la charnière du religieux et du profane, de la production et de la consommation, du local et du global. Mais cette économie contredit la notion même de modèle puisqu'elle s'invente tous les jours sous des figures différentes. Elle repose sur des réseaux dont le fonctionnement est l'expression des interactions entre fidèles, opérateurs, lignages, clans et catégories sociales. Elle est encastrée dans des croyances, des déterminations matérielles, un réseau de relations. Comme telle, l'économie mouride mérite d'être appréhendée en tant que "construction sociale" qui se réalise en s'appuyant sur une construction territoriale dont la capitale est Touba, mais qui comporte d'autres points forts au Sénégal et dans le monde. Les frontières politiques sont de ce point de vue simultanément contraintes et opportunités. Les réseaux tissés entre ces nodalités multiples instrumentalisent des produits autour desquels s'organisent des filières qui contribuent à "rapprocher" les espaces d'implantation en les dilatant.