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AEGIS European Conference on African Studies
11 - 14 July 2007 African Studies Centre, Leiden, The Netherlands
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Des monarchies sacrées aux confréries musulmanes au Sénégal: la continuité d'un modèle de sacralité diffuse
Panel |
22. Retour sur les monarchies sacrées en Afrique
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Paper ID | 324 |
Author(s) |
Beccaria, Simone
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Paper |
No paper submitted
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Abstract | Le quasi-monopole arabe et occidental des sources écrites, et la prépondérance de celles-ci vis-à-vis de l’oralité et de la tradition anthropologique locale, tendent à imposer un voile de silence sur les formes traditionnelles de sacralité, non monothéistes, personnelles. Les informations à ce propos, que l’on peut tirer des descriptions des voyageurs arabes et des explorateurs ou administrateurs européens, sont souvent présentées comme des éléments de folklore et de ridicules déviations de peuples barbares et sous-développés. Ce point de vue n’a que récemment été abandonné, et encore pas complètement.
L’histoire ne permet donc pas, souvent, de déceler les aspects locaux et originaux d’une religiosité particulière et différente.
Une analyse de l’évolution sur une longue période des formes, structures et cérémonies religieuses locales montre une continuité entre la religiosité pre-islamique liée aux cours royales et la dévotion islamique locale des saints musulmans et des confréries.
Même si la sacralité des rois ne peut être analysée et démontrée en profondeur, le caractère de sacralité diffuse qui régit la société, les relations humaines et politiques, détermine à la fois l’institut de la royauté et la vie des cours royales (danses sacrés, légendes, cérémonies et traditions).
La société sénégalaise contemporaine, fortement influencée par les confréries et ce de façon complexe, présente plusieurs points de contact qui dessinent une continuité évidente avec la société pre-islamique des cours royales.
Les sources analysées permettent de mettre en évidence des preuves possibles de la sacralité des rois dans les anciens royaumes sénégalais, ainsi que des preuves concernant la nature religieuse de certains comportements et usages, trop souvent interprétés du point de vue de l’idéologie et de la domination.
Des dynamiques très similaires se retrouvent dans les confréries et dans le modèle de société influencé par ces dernières.
L’importance de la naissance (parenté, lieu, moment), en tant que base sociale et religieuse qui intéresse autant les rois sacrés que les dynamiques confrériques, mérite une attention toute particulière.
La centralité des éléments naturels, le rôle des griots, les dynamiques nutritionnelles et les usages vestimentaires, la hiérarchie et les rapports d’interdépendance, l’extrême différentiation des sources de sacralité, l’importance du travail, « l’inclusivité » par rapport aux formes différentes de dévotion font partie des indicateurs qu’il nous faut considérer.
L’islam confrérique au Sénégal, sous cette perspective, se présente donc comme un facteur fondamental de continuité et d’organisation de la société, de conservation et reproduction d’un modèle original et local, qui accroît son importance face aux dynamiques internationales et aux rapports entre religions.
Cette contribution ne cherche pas à présenter un cas particulier en détail, mais plutôt un ensemble d’éléments divers pouvant conduire à une théorie générale qui pourrait, par la suite, faire l’objet d’une vérification plus approfondie et minutieuse appliquée à l’évolution de chaque royaume sénégalais.
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